De nombreuses personnes connaissent la réponse mais il est toujours intéressant de se pencher sur quelques détails anatomiques de nos chères araignées.
Presque tout le monde est tombé un jour ou l’autre sur une araignée posée au fond de la baignoire. Se retrouver face à une belle grosse Tégénaire poilue avant d’enjamber le bord de la baignoire ne plaît pas à tout le monde, j’en conviens. Mais dites-vous qu’elle aura eu aussi peur que vous, surtout si vous n’étiez pas habillé.
Si vous êtes tombé sur ce spécimen, ce n’est pas parce que l’araignée vient d’arriver dans votre salle-de-bain en même temps que vous, mais bien parce qu’elle est coincée là car elle ne peut pas en ressortir.
Les araignées possèdent huit pattes locomotrices qui se terminent par des crochets (au nombre variable selon les Familles). Mais de nombreuses espèces possèdent en plus de ces crochets des brosses de poils que les scientifiques englobent sous le terme anglais scopulae (du latin scopula : petite brosse de brindilles ; ou scopae : branches, brindilles).
A la loupe grossissante ou au binoculaire, l’ensemble des scopulae forment une touffe de poils très dense qui permet à ces araignées de marcher sur des surfaces verticales glissantes, voire des vitres.
Mais pour être tout à fait précis, il faut ajouter que ces scopulae sont en fait composés de deux parties :
f : sur l’extrémité des tarses (dernier segment d’une patte d’araignée) on retrouve les fascicules unguéaux*. Ce sont ces touffes denses de poils à proprement parlé que l’on voit au bout de pattes ;
s : ces fascicules unguéaux se prolongent parfois vers l’arrière sous le tarse, voire sous le métatarse (avant dernier segment d’une patte d’araignée) et que l’on décrit alors simplement comme scopulas. D’ailleurs, le terme scopula englobe tout amas de poils et peut s’observer sur d’autres parties du corps d’une araignée.
* unguéaux : qui concerne les ongles (et si vous arrivez à placer ce mot dans un scrabble, je vous paie un verre)
L’ensemble de ces mini brosses fonctionnent comme des ventouses grâce à l’adhésion dite capillaire. Plus simplement, les poils densément regroupés adhèrent au substrat par l’intermédiaire d’un mince film de liquide, par exemple l’eau présente dans l’humidité de l’air. Il faut donc un minimum d’humidité pour que les scopulae accrochent à la paroi, ce qui explique que même une araignée possédant ces scopulae ne pourra pas grimper sur une surface en Téflon, le Téflon présentant un coefficient de friction tellement faible qu’il ne retient même pas l’eau.
Selon les Familles et les espèces, les scopulae sont plus ou moins denses, de formes différentes, composés de soie de certaines épaisseurs, à certains endroits, …, déterminant des forces d’adhésion variables selon le type d’araignée.
Donc, notre ‘pauvre’ Tégénaire ne possède évidemment pas ces scopulae et ne peut donc pas sortir de la baignoire. Et la soie me direz-vous ? J’ai beaucoup réfléchi à cette question et je suppose qu’il faudrait un effort énergétique Herculéen et un temps extrêmement long à cette araignée pour tisser une toile en nappe suffisamment haute que pour sortir du précipice dans lequel elle est tombée… encore faut-il qu’elle arrive à faire adhérer sa soie aux parois glissantes alors qu’elle ne sait pas s’y tenir elle-même.
La grande majorité des Tégénaires coincées dans les baignoires ou éviers profonds à paroi lisse sont des mâles qui sont partis en expédition dans votre maison ou appartement pour s’accoupler avec une femelle qui elle est restée sagement planquée dans sa toile dans un coin de cave, de débarras ou tout autre endroit humide et sombre.
Alors, après toutes ces explications pointilleuses et surtout pileuses, j’espère que la prochaine fois que vous verrez une Tégénaire dans le fond de la baignoire, vous lui donnerez un coup de patte pour la faire sortir de là. Sinon, il y a l’échelle à Tégénaire photographiée à l’exposition « au fil des araignées » de Paris qui pourrait vous donner quelques idées… on construit bien des abris pour les insectes, alors pourquoi pas des sorties de secours à araignées ;)
B Segers
C’est bon de se sentir moins bête après qu’avant !!! merci .
J’ai lu le titre et je me suis arrêté à ça … Je tiens à vous signaler que ma femme A UN NOM ! et qu’elle se lave autant elle veut Fabianch Da Chivla
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Excellent Fabian (^_^) ! ! !
Merci Fabian, j’ai dû remonter au titre pour me prendre un gros fourire
Belle vulgarisation !
Pour éviter une échelle trop courte, suffit de laisser un essuie de bain sur le bord de la baignoire pour lui permettre de sortir… Je leur ai fait une « échelle » mais ça ne marche pas toujours…
http://richardunord6.skynetblogs.be/archive/2012/11/27/a-quoi-ca-sert-que-je-me-decarcasse.html
Petite question : les Tégénaire ont-elles un fil de sécurité comme certaines autres araignées ?
Merci
Et bien j’avoue ne pas connaître la réponse. Je dirais que toutes les araignées sont capables de produire un fil de sécurité, donc pourquoi pas la Tégénaire ? Je compte sur vous pour nous faire part de vos observations.
Brigitte
Voici la réponse de Koen Van Keer (ARABEL)
« Presque tout les araignées utilisent un fil de sécurité dans certaines circonstances, donc les Tégénaires aussi. Je peux m’imaginer que les Lycosidae et les Gnaphosidae ne produisent pas toujours un tel fil (en courant), mais bien en grimpant. Les femelles des Lycosidae utillisent aussi un fil avec des phéromones qu’un mâle peut alors suivre… »
Merci pour ces informations mais je n’ai pas bien compris la toile synthétique
Pas de toile synthétique dans ce texte, je ne comprends donc pas la question.
j’ai une question : pourrions nous nous mettre assez de scopulae pour que nous pouvons rester accrocher sur les murs ?
Ah ! Bonne question… J’en étais resté, pour expliquer cette « adhérence », à un principe d’électricité statique générée par les milliers de poils des ces scopulas (ou scopulae)… mais ça n’enlève rien à la pertinence de ta question…Attendons les scientifiques !! :-)
Je ne suis personnellement pas physicienne, je ne peux donc pas répondre à la question. Il faudrait trouver la quantité de force physique et mesurer la pression (P = F/S) et comparer celle-ci au poids du corps humain… mais je ne connais pas la pression exercée par les scopulae…
Brigitte
Voici un complément pour cette légende des araignées qui sortent des tuyaux :
http://richardunord6.skynetblogs.be/archive/2016/12/04/elles-sortent-des-canalisations-8677162.html
Richard
Il y a une solution très simple que je ne manque pas d’appliquer à chaque fois que je ferme ma maison de vacances dans le Vercors : je prend un ruban composé de quelques feuilles de Sopalin que j’humecte légèrement, suffisamment pour qu’il adhère à la paroi de la baignoire, du fonds jusqu’au rebord. Il conserve sa forme en S en séchant.et permet aux araignées de ressortir sans problème : du coup je ne retrouve pas de cadavres au fond lorsque je reviens six mois plus tard 🙂.
Bon système Christian !
Depuis la fermeture de skynet, j’ai changé d’adresse de blog donc voici l’article à propos des araignées qui sortent des tuyaux https://araigneesdewaterloo.wordpress.com/2016/12/06/elles-sortent-des-canalisations/